Obligations en Suisse: principes de base et fonctionnement
Les obligations font partie des instruments d’investissement clés du marché financier suisse. Elles offrent aux investisseurs particuliers un rendement relativement sûr et prévisible. Avec l’évolution récente des taux d’intérêt, elles ont regagné en attractivité et constituent un élément essentiel d’un portefeuille équilibré.
Qu’est-ce qu’une obligation?
Une obligation (également appelée emprunt obligataire ou bond) est un titre de créance à revenu fixe. Les investisseurs prêtent de l’argent à l’émetteur de l’obligation pour une durée déterminée et reçoivent en échange des paiements d’intérêts (coupons) ainsi que le remboursement du capital investi à l’échéance.
Les obligations sont considérées comme des instruments de dette: les investisseurs sont créanciers et disposent d’un droit contractuel au paiement des intérêts et au remboursement du capital, sans pour autant détenir de droits de vote dans l’entreprise émettrice. À l’inverse, les actions représentent des fonds propres: en achetant une action, l’investisseur devient copropriétaire de l’entreprise, participe aux bénéfices, obtient un droit de vote et assume un risque plus élevé.
La solvabilité (cote de crédit) de l’émetteur influence directement les rendements et les risques associés. Un émetteur bien noté (comme la Confédération suisse) peut se financer à des taux très bas, car le risque de défaut est minime. En revanche, les émetteurs moins solvables doivent offrir des taux d’intérêt plus élevés pour attirer les investisseurs. En règle générale: plus le taux d’intérêt est élevé, plus le risque de défaut est important.
Le marché obligataire suisse
Le marché obligataire suisse fonctionne selon des principes similaires à ceux d’autres pays, mais il s’intègre dans un système financier national caractérisé par une forte stabilité monétaire, une tradition de confidentialité bancaire et la haute solvabilité des émetteurs publics.
Les émetteurs d’obligations en Suisse sont généralement:
La Confédération suisse (emprunts fédéraux)
Les cantons et les villes (pour financer des infrastructures, par exemple)
Les grandes entreprises (obligations d’entreprise)
Les investisseurs prêtent leur argent et perçoivent des paiements d’intérêts réguliers, ainsi que le remboursement du nominal à l’échéance. Les obligations peuvent être revendues avant leur échéance à la SIX Swiss Exchange. Leur prix évolue en fonction des taux d’intérêt: lorsque les taux augmentent, la valeur des obligations existantes diminue, et inversement. Toutefois, les investisseurs qui conservent leurs obligations jusqu’à l’échéance récupèrent leur capital initial, sans avoir à se soucier des fluctuations de prix à court terme.
Types d’obligations et leurs caractéristiques
Les obligations se déclinent en plusieurs catégories selon leur durée, leur taux d’intérêt, leur niveau de risque et leur finalité. Chaque type d’obligation répond à des besoins spécifiques des émetteurs et des investisseurs.
Les principales catégories d’obligations:
Obligations d’État: émises par les gouvernements pour financer les dépenses publiques. Les emprunts de la Confédération suisse sont considérés comme très sûrs en raison de la haute solvabilité du pays. Le risque de défaut est minime, mais les coupons sont faibles. Les obligations d’État des grandes économies industrielles sont souvent perçues comme des valeurs refuges en période de crise. Toutefois, toutes les obligations d’État ne se valent pas: certains pays en difficulté financière ont déjà fait défaut par le passé, ce qui souligne l’importance de la solvabilité de l’émetteur.
Obligations d’entreprise: émises par des sociétés privées (corporate bonds). Le risque et le rendement dépendent de la solidité financière de l’émetteur. Les entreprises bien établies avec une bonne notation offrent des taux modérés, tandis que les sociétés plus petites ou moins solvables doivent proposer des taux plus élevés pour compenser le risque accru de défaut. Ce type d’obligation attire les investisseurs prêts à accepter un niveau de risque plus élevé en échange d’un rendement supérieur à celui des obligations d’État.
Obligations convertibles: ces obligations permettent aux investisseurs de les convertir ultérieurement en actions de l’entreprise émettrice. Elles sont avantageuses pour les entreprises, car elles peuvent être transformées en fonds propres en cas de succès. Les investisseurs perçoivent des intérêts fixes tout en ayant la possibilité de profiter d’une hausse du cours des actions. En contrepartie, le taux d’intérêt est généralement inférieur à celui d’une obligation classique de la même entreprise. Ce type d’obligation convient aux investisseurs qui croient au potentiel de croissance de l’entreprise, tout en souhaitant une certaine sécurité grâce aux paiements d’intérêts fixes.
Autres types d’obligations:
Obligations de caisse: émises par les banques suisses et similaires aux dépôts à terme. Elles ont une durée de 2 à 10 ans, offrent un taux fixe et ne sont pas négociables en bourse, mais elles affichent souvent une rémunération plus attractive que les comptes d’épargne.
Lettres de gage: obligations garanties par des hypothèques, généralement émises par des institutions de crédit immobilier.
Obligations à haut rendement (High-Yield/Junk Bonds): obligations émises par des entreprises moins bien notées, qui offrent des taux d’intérêt élevés en contrepartie d’un risque accru.
Pour les investisseurs particuliers, le lien entre risque et rendement est essentiel: les obligations sûres, comme les obligations fédérales, offrent des rendements plus faibles, tandis que les titres plus risqués promettent des taux d’intérêt plus élevés, mais peuvent, dans le pire des cas, faire défaut.
Le choix du type d’obligations dépend du profil de l’investisseur: les personnes axées sur la sécurité privilégient les obligations d’État et les obligations d’entreprise solides, tandis que les investisseurs recherchant un rendement plus élevé et ayant une plus grande tolérance au risque optent pour des obligations à haut rendement ou des obligations convertibles.
Avantages et inconvénients des obligations en tant que classe d’actifs
Comme toute classe d’investissement, les obligations présentent des avantages et des inconvénients:
Avantages
Sécurité et stabilité élevées: Comparées aux actions, les obligations sont généralement moins sujettes aux fluctuations de cours. Les obligations d’État et celles émises par des débiteurs de haute qualité sont particulièrement réputées pour leur solidité, ce qui en fait un élément stabilisateur dans un portefeuille, notamment pour compenser les pertes potentielles sur les actions en période de crise.
Revenus prévisibles: Les obligations offrent des paiements d’intérêts fixes, généralement annuels ou semestriels. Ces revenus réguliers apportent une visibilité précieuse: dès l’achat, les investisseurs savent quel taux d’intérêt ils recevront jusqu’à l’échéance et quand leur capital leur sera restitué. Cette transparence facilite la planification financière.
Remboursement du capital à l’échéance: À la fin de la durée de l’obligation, l’investisseur récupère la valeur nominale, à condition que l’émetteur reste solvable. Cette promesse contractuelle de remboursement offre une perspective claire, contrairement aux actions qui ne garantissent aucun remboursement à un moment précis.
Diversification du portefeuille: Les obligations ont une corrélation relativement faible avec les marchés boursiers. Elles permettent ainsi d’élargir un portefeuille et de répartir les risques. En cas de baisse des actions, les obligations peuvent mieux résister, voire s’apprécier, offrant un effet de stabilisation. C’est pourquoi de nombreux experts recommandent d’inclure des obligations dans une allocation d’actifs équilibrée.
Inconvénients
Potentiel de rendement limité: Le rendement des obligations est plafonné: l’investisseur reçoit uniquement le taux d’intérêt fixé et le capital nominal à l’échéance. Contrairement aux actions, il ne bénéficie ni d’une augmentation des dividendes ni d’une appréciation du cours au-delà de la valeur nominale (sauf en cas de revente avant l’échéance). Historiquement, les rendements obligataires sont donc inférieurs à ceux des actions sur le long terme.
Risque de variation des taux d’intérêt: Les obligations à taux fixe sont sensibles aux fluctuations des taux du marché. Une hausse des taux entraîne une baisse de la valeur des obligations existantes, car les nouvelles obligations offrent des rendements plus attractifs. À l’inverse, lorsque les taux baissent, les obligations en circulation prennent de la valeur. Ce risque affecte particulièrement les investisseurs souhaitant revendre avant l’échéance, qui peuvent alors subir une moins-value. Plus la durée de l’obligation est longue, plus ce risque est marqué.
Risque d’inflation: Les paiements d’intérêts fixes des obligations peuvent perdre de leur valeur réelle en cas d’inflation élevée. Si l’inflation dépasse le taux du coupon, le rendement réel diminue. Ce risque est plus prononcé pour les obligations à long terme, car la perte de pouvoir d’achat peut s’accroître avec le temps.
Risque de solvabilité: Si les défauts de paiement sont rares pour les émetteurs les mieux notés, ils restent un risque réel pour les obligations d’entreprise ou celles émises par des débiteurs moins solides. En cas de défaillance, l’émetteur peut suspendre les paiements d’intérêts ou ne pas rembourser le capital emprunté, entraînant une perte partielle ou totale pour l’investisseur. Il est donc essentiel d’évaluer la solvabilité de l’émetteur avant d’investir (les notations financières sont un bon indicateur). Une diversification sur plusieurs émetteurs permet de réduire ce risque.
Liquidité réduite: Certaines obligations (comme les obligations de caisse ou celles émises par de petites entreprises) ont une liquidité limitée, ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas toujours être revendues rapidement et à un prix équitable. Ce manque de flexibilité peut être un inconvénient pour les investisseurs ayant besoin d’un accès rapide à leur capital. En comparaison, les actions de grandes entreprises bénéficient généralement d’un marché plus liquide.
Absence de droits de vote et participation limitée: Contrairement aux actionnaires, les détenteurs d’obligations ne disposent d’aucun droit de vote au sein de l’entreprise et ne bénéficient pas directement de sa croissance au-delà des paiements d’intérêts fixes. Ceux qui souhaitent pleinement profiter du succès d’une société doivent donc se tourner vers les actions.
Financement obligataire vs. financement par actions
Les grandes entreprises établies privilégient souvent l’émission d’obligations pour lever des fonds sans diluer la participation des actionnaires. En revanche, les PME ont davantage recours au financement par actions, car émettre des obligations peut être trop coûteux ou impossible à grande échelle. C’est pourquoi le marché obligataire est principalement dominé par les États et les grandes entreprises.
Conclusion: un élément clé d’un portefeuille équilibré
Pour les investisseurs particuliers, les obligations constituent un outil fondamental pour stabiliser un portefeuille. En tant qu’instruments de dette, elles permettent d’agir comme un prêteur, en échange d’intérêts et du remboursement du capital. Ces placements relativement sûrs (notamment ceux émis par des débiteurs de haute qualité, comme la Confédération suisse) offrent des rendements prévisibles et réduisent la dépendance aux fluctuations des marchés boursiers.
Dans un portefeuille diversifié, les obligations peuvent jouer un rôle d’amortisseur face aux variations des autres classes d’actifs. L’allocation optimale dépend de vos objectifs, de votre tolérance au risque et de votre horizon d’investissement. Grâce à ces bases, vous pouvez mieux définir la place des obligations dans votre stratégie d’investissement.
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