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By Alpian14 avril 2025

Récession en Suisse: définition, caractéristiques et impacts

Par définition, une récession désigne un net ralentissement de l’activité économique, un sujet qui est redevenu d’actualité en Suisse en 2025. Après plusieurs années marquées par des crises mondiales comme la pandémie de Covid-19 ou les hausses de taux d’intérêt liées à l’inflation, beaucoup de personnes, en Suisse, se demandent si une récession approche et comment s’y préparer.

Pour les personnes intéressées par l’investissement, il est essentiel de comprendre ce phénomène et les conséquences qu’il peut avoir sur l’économie suisse et sur les placements. Dans cet article, nous vous expliquons de manière simple et factuelle ce qu’est une récession, quels en sont les signes et comment les investisseurs basés en Suisse peuvent traverser une telle période de ralentissement dans une optique orientée vers l’investissement.

Qu’est-ce qu’une récession?

Une récession est une phase de recul économique. Techniquement, on parle de récession lorsque le produit intérieur brut (PIB) baisse pendant deux trimestres consécutifs. Le PIB mesure la valeur totale des biens et services produits dans un pays. S’il diminue sur une période de six mois, cela est généralement interprété comme un signe de récession.

Les récessions font partie du cycle économique normal: à des périodes de croissance succèdent des phases de ralentissement, avant que l’économie ne reparte à la hausse. Il est important de faire la distinction entre une récession technique, souvent temporaire, et une récession structurelle, causée par des changements profonds dans l’économie, comme des ruptures technologiques ou le déclin de secteurs clés.

Signes caractéristiques d’une récession:

  • Recul de la performance économique: le PIB réel se contracte pendant plusieurs trimestres.

  • Baisse de la consommation et des investissements: les ménages dépensent moins, les entreprises freinent leurs projets.

  • Chute de la production et des exportations: face à une demande plus faible, la production diminue. Dans une économie orientée vers l’exportation comme celle de la Suisse, les faiblesses mondiales se font vite sentir.

  • Diminution des bénéfices des entreprises: les revenus baissent, ce qui réduit les bénéfices.

  • Inflation modérée voire déflation: une demande en baisse exerce une pression à la baisse sur les prix. En Suisse, l’inflation reste souvent faible, en partie grâce à la force du franc.

Des instituts comme le SECO ou le KOF de l’EPFZ analysent en continu divers indicateurs. L’indicateur conjoncturel du KOF, par exemple, a atteint plus de 101 points en janvier 2024, le signal d’une possible reprise.

Récession vs dépression:

Si une récession dure anormalement longtemps et est particulièrement profonde, on parle alors de dépression. Un exemple historique est la Grande Dépression des années 1930. Ces cas sont rares: les politiques économiques et monétaires modernes visent à intervenir rapidement pour éviter d’en arriver là.

Récessions passées en Suisse

L’économie suisse n’est pas à l’abri des récessions. Voici deux épisodes récents et les leçons que l’on peut en tirer:

Crise financière de 2008/2009: un choc mondial frappe la Suisse

La crise a commencé aux États-Unis avant de se propager rapidement à l’économie mondiale et la Suisse n’y a pas échappé. L’industrie d’exportation et le secteur financier ont été particulièrement touchés. Les investissements ont diminué, les commandes se sont raréfiées, et l’économie s’est contractée.

La Banque nationale suisse a abaissé ses taux directeurs, la Confédération a soutenu une grande banque et lancé des plans de relance. Ces mesures ont permis d’éviter une crise plus profonde. Les marchés boursiers ont chuté, avant de se redresser nettement dans les années suivantes.

Ce que l’on peut en retenir: Ces périodes montrent l’importance d’une stratégie d’investissement bien diversifiée et de garder la tête froide. Celles et ceux qui ont gardé leurs placements à long terme ont pu profiter du rebond.

Récession liée au Covid-19 en 2020: un arrêt inédit

La pandémie a provoqué un effondrement brutal de l’activité, également en Suisse. En quelques semaines, de vastes pans de la vie publique ont été mis à l’arrêt. Le tourisme, la restauration et le commerce de détail ont particulièrement souffert. Les chaînes d’approvisionnement et les exportations ont aussi été affectées.

La Confédération a réagi avec le plus grand plan d’aide de son histoire, comprenant des crédits transitoires, le chômage partiel et des aides directes. La Banque nationale suisse a également stabilisé le marché du franc. Grâce à ces réactions rapides, la récession a été profonde mais de courte durée.

Ce que l’on peut en retenir: Les crises peuvent frapper vite et fort. Celles et ceux qui sont préparés, financièrement et mentalement, traversent mieux ces phases. Une autre leçon: les marchés réagissent rapidement, dans un sens comme dans l’autre.

Comment faire face à une récession?

On ne peut pas empêcher une récession à titre individuel mais on peut s’y préparer et, en tant qu’investisseur, en limiter les effets grâce à une stratégie réfléchie.

1. Une planification financière solide

Il est essentiel de poser de bonnes bases en période favorable pour pouvoir faire face aux périodes difficiles. Cela inclut surtout la constitution d’une épargne de sécurité. En règle générale, disposer de réserves équivalant à 3 à 6 mois de dépenses courantes sur un compte accessible permet d’absorber une baisse soudaine de revenus (perte d’emploi, chômage partiel, etc.). Cela évite aussi de devoir vendre ses placements dans la précipitation.

Gestion des dettes: Il est conseillé de réduire autant que possible les dettes liées à la consommation ou aux cartes de crédit. En période de récession, ces charges peuvent devenir plus lourdes à supporter, surtout si les taux d’intérêt augmentent ou si les revenus deviennent incertains.

Ne pas négliger la prévoyance: Le système de prévoyance suisse repose sur trois piliers. La prévoyance individuelle (troisième pilier), bien que facultative, peut être un soutien précieux même en période de crise.​

2. Diversification et stratégie défensive

Une stratégie de placement bien pensée est particulièrement précieuse en période de récession. Le mot-clé ici: diversification. C’est-à-dire répartir son patrimoine entre plusieurs classes d’actifs, secteurs et régions. Pourquoi est-ce important? Lors d’une récession, les performances des différentes classes d’actifs divergent souvent: les actions peuvent chuter, tandis que les obligations ou les métaux précieux comme l’or peuvent se maintenir, voire gagner en valeur. Un portefeuille bien diversifié permet de compenser les pertes dans certains domaines par la stabilité d’autres.

En cas d’incertitude sur la répartition, un conseiller en investissement peut aider à définir une stratégie adaptée à votre tolérance au risque et à vos objectifs, généralement sous forme de portefeuilles diversifiés.

3. Attitude en temps de crise: rester calme et saisir les opportunités

La meilleure stratégie ne vaut rien si elle est abandonnée en pleine crise. C’est pourquoi un comportement calme et discipliné est essentiel pendant une récession:

  • Ne pas céder à la panique

  • Garder une perspective à long terme

  • Réévaluer et rééquilibrer le portefeuille si nécessaire

  • Identifier les opportunités contracycliques

  • Conserver une épargne de précaution et une bonne liquidité

  • Garder ses émotions sous contrôle

En résumé: restez rationnel et discipliné. Ne vous laissez pas entraîner par le pessimisme ambiant. Une récession finit toujours par passer et vous voulez être prêt quand l’économie redémarrera.

Perspectives: à quoi s’attendre en Suisse?

Les prévisions actuelles concernant l’économie suisse sont nuancées, mais globalement optimistes. Peu d’éléments indiquent une forte récession et de nombreux experts s’attendent plutôt à une croissance modérée.

L’incertitude reste néanmoins élevée. Plusieurs facteurs pourraient influencer l’évolution dans les prochaines années:

  • Taux d’intérêt: La politique monétaire jouera un rôle clé. Un assouplissement pourrait favoriser l’investissement, tandis que des taux durablement élevés pourraient peser, notamment sur l’immobilier et les entreprises.

  • Influences globales: En tant qu’économie orientée vers l’exportation, la Suisse est étroitement liée à l’économie mondiale. Les fluctuations en Europe, aux États-Unis ou en Chine influencent la demande pour les produits suisses.

  • Indicateurs précoces: Les signaux provenant de l’industrie, de la consommation ou du secteur financier sont mitigés. Certains domaines semblent stables, d’autres montrent des signes de prudence. La suite reste ouverte.

  • Chocs extérieurs: Des événements imprévus, comme les crises géopolitiques, les turbulences économiques ou les risques sanitaires mondiaux, peuvent toujours survenir.

Et pour les ménages privés?

Même si aucun signal alarmant n’est visible pour l’instant, adopter une attitude proactive est recommandé. Celles et ceux qui gèrent bien leurs finances, qui disposent de réserves et qui surveillent régulièrement leur portefeuille sont mieux armés pour faire face à toutes les éventualités.

Une bonne préparation inclut aussi une réflexion sur différents scénarios, via une formation continue, un coussin de liquidités solide ou l’échange avec ses proches.

Conclusion: garder une vision à long terme

Les récessions font partie du cycle économique: elles sont désagréables, mais temporaires. La Suisse a déjà montré qu’elle pouvait surmonter des ralentissements profonds grâce à une politique avisée et des structures solides.

Pour les investisseurs, cela signifie: adoptez une approche de long terme. Un horizon de placement de 10, 20 ans ou plus inclut forcément plusieurs hauts et bas. Ce qui compte, c’est de respecter les principes de base (diversification, épargne régulière, maîtrise des frais, gestion des émotions) et d’ajuster, si besoin, sans jamais agir de manière précipitée.

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